Lettre de Jean et Lucette aux familles et amis de Montjoie
Pour
atteindre la clairière aux enfants, à Montjoie, il faut quitter la route et
s’enfoncer dans un long chemin de forêt, sinueux et monteux, que certains
trouvent impressionnant.
Il crée l’effet d’un sas franchi entre « exister » et « vivre ». Là on causait, ici l’on parle ; là on entendait, ici on écoute ; là on espérait l’amour, ici on le découvre, mystérieuse Présence cachée, qui se dévoile, pour chacune et chacun différemment, en réponse à un mal, un vide, une attente.
Il crée l’effet d’un sas franchi entre « exister » et « vivre ». Là on causait, ici l’on parle ; là on entendait, ici on écoute ; là on espérait l’amour, ici on le découvre, mystérieuse Présence cachée, qui se dévoile, pour chacune et chacun différemment, en réponse à un mal, un vide, une attente.
Depuis
un demi-siècle que ce « lieu » existe, et résiste, comme un roc, à
tant de vents contraires et même de tempêtes, il apporte à ceux qui s’en
approchent confiance, espérance et amour.
Et
pourtant, jamais, comme en ce début d’année 2018, il s’est senti aussi
dérisoire face à l’immensité de maux, de tourments, de questions, de
redoutables tentations qu’affronte l’humanité dans son ensemble et notre
« civilisation » en particulier, qui apparaît déboussolée,
s’accrochant à la Matière, et semblant avoir perdu l’Esprit. Ceci en tous
domaines.
Et
particulièrement en celui de la bioéthique dont on parle tant, mais pour en
attendre quoi ? Que la vie humaine, trésor sacré, soit manipulée par une
médecine oubliant Hippocrate et devenant hypocrite, jusqu’à supprimer tout être
humain « imparfait » pour le « bien » d’une société qui
traite le vivant comme une marchandise de supermarché. Et puisque ces
« progrès » de la science permettent de « bricoler » dans
ce domaine de la vie humaine, à force d’artifices, pourquoi ne pas légaliser.
Mais tout ce qui est légal n’est pas forcément moral.
Et
ces feux d’artifice, qui en éblouiront beaucoup, retombent en cendres ;
car aller à l’encontre de la Nature voulu par Dieu n’engendre pas forcément le
bonheur, sûr et durable. Mais cela ne cadre pas avec le « tout, tout de
suite » !...
Remarquons
que, dans ce travail actuel de « mise à plat » des différents
domaines touchant la bioéthique, la suppression systématique de l’enfant
trisomique à naître ne figure pas au programme. C’est une affaire entendue,
classée, réglée. Sans cas de conscience apparent pour notre société de
consommation et de course au « bonheur ».
Mais
il va y avoir un sursaut, au moins partiel, que nous sentons ici, à travers une
jeunesse sortie enfin des avatars de l’après-68 et qui spontanément, même s’ils
ne sont pas des fidèles pratiquants du culte catholique, vivent déjà entre eux
d’un espoir et d’une joie, rayonnants leur désir de faire mieux que les
générations passées, s’appuyant sur les valeurs que sont la fidélité, la
générosité, le courage, la famille, selon Dieu.
Et
il y a plus encore. Toutes ces familles solides, équilibrées, déjà constituées par
du vrai et qui viennent ici désirant s’ouvrir à une fécondité aussi réelle
qu’évangélique : l’accueil de l’enfant laissé sans famille parce que né
handicapé.
C’est
pour elles, d’abord, que nous venons de construire un petit chalet où nous accueillerons
désormais, pour les longs entretiens de préparation à la réalisation de si
belles aventures d’amour ; pour elles et leur futur enfant. On y accède
par ce que nous avons baptisé le « Sentier du Bonheur »/
« Hauts
les cœurs » !...